Visite extramuros au Jardin botanique de Neuchâtel, avec la visite commentée des deux expositions consacrées à Rousseau « Nature en Lumières » et de « De la lettre à la fleur » par Blaise Mulhauser, co-directeur du Jardin botanique (et sous-directeur du Muséum d’histoire naturelle).
Présentée du 13 mai au 24 juin 2012 dans la villa du Jardin botanique de Neuchâtel, l’exposition « Nature en lumières ; sur les pas de Rousseau au Pays de Neuchâtel » essaye de recréer les paysages et la nature que Jean-Jacques Rousseau voyait lors de ses deux séjours neuchâtelois en 1730-1731 et en 1762-1765. Le visiteur découvre un univers bien différent de celui d’aujourd’hui grâce à des plans et des gravures datant du milieu du 17e siècle au premier quart du 19e siècle. A partir d’une citation du philosophe, il est appelé à vérifier ses dires en comparant différents documents et en lisant des textes réunis dans une trentaine de dossiers mis à sa disposition.
Maison de Jean-Jacques Rousseau à Môtiers
Rousseau (avec le manteau bleu à droite) au Val-de-Travers
Pont sous la Roche, au haut des gorges de l'Areuse
Plusieurs plans révèlent des faits particulièrement intéressants. Celui de La Robella datant de 1739 montre la réalité d’un site décrit dans la septième promenade du livre Les rêveries du promeneur solitaire. Celui de l’Areuse, dessiné en 1771, permet de visualiser les promenades du philosophe de meilleure façon que n’importe quelle gravure dont le champ visuel est trop limité... Et l’île de Saint-Pierre ? L’exposition reproduit une gravure très rare, réalisée en 1756 depuis l’abbaye de Fontaine-André (Neuchâtel), qui montre le paysage campagnard, le lac de Bienne et les îles que Rousseau arpentera neuf ans plus tard. En relisant ses écrits à la vue des nombreux documents présentés dans l’exposition, on se rend mieux compte des effets durables que les paysages de la région ont eus dans l’esprit de celui que l’on considère comme un précurseur du romantisme.
Plan du Val de Travers du 17ème siècle
L'une des cartes proposant au visiteur de réfléchir à une problématique et le la mettre en regard avec la situation du 21ème siècle
Les six parcelles du Jardin à thèmes offrent leurs espaces à une exposition végétale, « Rousseau de la lettre à la fleur ; un parcours botanique », également du 13 mai au 7 octobre 2012. Le visiteur circule entre les grands thèmes de la botanique de Rousseau, illustrés par une installation de plantes vivantes, découvrant les espèces déterminées par le philosophe lors de ses randonnées. Les deux premières parcelles mettent en regard l’expérience et les principes scientifiques – la pratique et la théorie. Au centre du jardin à thèmes, les deux parcelles en demi-lune renvoient face-à-face la poésie et le jargon, la poésie étant représentée par la pervenche, fleur que Rouseau associe aux souvenirs des jours heureux vécus avec Mme de Warens. Face à cela, le jargon des spécialistes, Rousseau s’employant, dans son Dictionnaire des termes d’usage en botanique, à établir en français les définitions des termes usuels de botanique. La « promenade champêtre » s’achève par les Lettres sur la botanique, présentées dans les deux dernières parcelles. Dans ses leçons à Madeleine-Catherine Delessert, Rousseau invite son élève à reconnaître les parties de la fleur et du fruit, à identifier les différences et les ressemblances, afin qu’elle soit capable de définir l’appartenance des plantes à l’une des sept familles botaniques sur lesquelles il a choisi de concentrer son enseignement.
Code botanique imaginé par Rousseau
L'affiche de l'exposition "Rousseau botaniste", qui s'est tenue sur les sites du Muséum d'histoire naturelle et du Jardin botanique de Neuchâtel