Soutien pour la mise sur pied d’une création de l’opéra « L’envol » de Claude Jean et Simon Lannoy

Soutien financier d'ARTHIS pour la mise sur pied d’une création de l’opéra « L’envol » de Claude Jean et Simon Lannoy, inspiré de la vie de Camille Claudel, et présenté pour la première fois le 22 mars : CHF 1'500.-

Camille Claudel trouve un public ému

PAR DENISE DE CEUNINCK

 L'Avant-Scène Opéra crée «L'Envol», rêve éveillé qui emporte le spectateur dans un tourbillon d'émotions

«L'Envol» (Camille Claudel), œuvre créée par l'Avant-Scène Opéra, vendredi au Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel, laisse un vrai sentiment de bonheur, celui que l'on peut ressentir face à la découverte d'une œuvre d'art.

Quelques secondes sont à peine écoulées que déjà une atmosphère particulière envahit la salle du musée où les tableaux de Röthlisberger, Anker, et d'autres peintres célèbres, font planer sur l'auditoire, autant d'itinéraires de créateurs.

Sur un tréteau, représentant l'atelier du sculpteur Auguste Rodin, les chutes de pierres, de sable, ont laissé des traces. Camille Claudel (Maïté Renaud, soprano) met la dernière main à la sculpture «Les Causeuses». Le geste est ostentatoire, des rythmes s'imposent à la sculptrice, il en est d'autres que l'artiste impose à la matière.

La forme a de l'ardeur, trouve sa rigueur, sa cadence, elle est le contrepoint poétique de la matière. Aux qualités vocales des «Causeuses» (Leana Durney, Noémie Stauffer, Corine Wyder, sopranos), il convient de relever ici la patte de Jean-Claude Pellaton. Chorégraphe, il a ordonné le geste, dont il a fait ressortir la plasticité, la beauté.

«L'Envol» est né de l'imagination d'Yves Senn, directeur de l'Avant-Scène Opéra, qui a l'art de transformer ses coups d'essai en succès. Il a passé commande d'une partition originale à Simon Lannoy, confié les textes d'Auguste Rodin et de Paul Claudel à l'expérience de Claude Jean.

La partition de Simon Lannoy, spontanée, tonale dans son essence, parfaitement écrite pour une jeune troupe, se trouve en quelque sorte entre le modal et la tonalité.

Dans la forme traditionnelle de l'opéra de chambre, la musique s'exprime ici de la façon la plus plastique. C'est là en effet l'essentiel puisqu'il y a des personnages, une action entre eux et, sur un plan plus élevé, une destinée humaine.

Pas de thèse pourtant, mais une suite de petites scènes, de perles, de rencontres aléatoires entre les textes de Paul Claudel (Leandro Durney, ténor) et ceux d'Auguste Rodin (Jérôme Ricca, acteur). Deux personnalités dont la présence a anéanti la puissance créatrice de Camille Claudel, jusqu'à sa mise à l'écart. Deux personnalités, de forces antagonistes, pour lesquelles l'art a été la raison même de vivre.

Ce petit miracle poétique a croisé les talents de la directrice du Musée Rodin (Marianne Roethlisberger, soprano), les informations du délégué à la Culture (Léonard Schneider, ténor), celles de la critique d'art (Yvonne Tissot, soprano).

Les juniors de l'Avant-Scène Opéra ont personnifié les visiteurs du musée.

L'ensemble musical, dirigé par Yves Senn, est composé de cordes (Rami Dia-Eddine, Henri Grezet), d'une flûte traversière (Laetitia Tanner), d'une clarinette (Pierre-Yves Dubois) et d'un piano (Ester Bresco). / DDC

Arcinfo, 26.03.2007

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ConcertElisa Siro2007